Simuler l’oral dans les écrits littéraires renvoie à des finalités diverses qui varient en fonction des genres auxquels on se réfère, des périodes convoquées et des représentations auxquelles sont associés les phénomènes d’oralité. À la différence de l’oral dans le texte romanesque, l’oral représenté dans le texte théâtral peut difficilement se dissocier de sa finalité première: être joué. Dans ce dispositif communicationnel qui implique une double adresse (lecteur et spectateur), simuler l’oral revient à une mimétisation du réel. Celle-ci passe par des phénomènes d’oralité qui participent, à travers leur saillance, à la construction du cadre scénique. Si d’une part les marqueurs d’oralité peuvent construire des figures dramatiques caractérisées dans leur individualité et sont alors révélatrices d’idiolectes ou d’éthos, selon le point de vue que l’on abordera, les stylèmes d’oralité concourent également à la représentation de relations intersubjectives et à la construction de scènes d’énonciation représentées. Ils participent donc pleinement de la dramaturgie.Dans une étude qui repose sur l’analyse de Dreyfus...(1990)2de J.-C. Grumberg et de sa traduction, nous montrerons comment les marqueurs d’oralité dessinent à la fois des représentations individuelles et des dynamiques scéniques qui attestent d’une proximité énonciative. Nous montrerons également que la transposition de ces phénomènes dans la traduction ne peut prétendre à une pleine équivalence, plus encore quand ces procédés discursifs présentent d’évidents ancrages culturels.