L’objectif de cet article est d’explorer les caractéristiques de
base de l’ontologie de l’improvisation en musique. À cette fin,
je vais présenter deux visions opposées de l’improvisation. La
première conçoit l’improvisation comme un processus, dans
lequel l’activité créative et l’activité performative forment un
seul et même événement générateur (I). La seconde conception
de l’improvisation s’appuie sur la ressource conceptuelle la plus
mobilisée dans la tradition occidentale au niveau des recherches
philosophiques sur l’ontologie de la musique : la « dualité
type-token » (= DTT) (II). Je vais démontrer que la DTT, qui
est actuellement utilisée pour expliquer la relation entre les
oeuvres musicales conçues pour les performances (OE.M.) et
les performances de ces oeuvres musicales, ne convient pas
pour l’improvisation (III). L’improvisation peut cependant
être reliée de différentes façons à des pratiques musicales prises
en compte par la DTT. En particulier, je ferai valoir qu’une
OE.M. peut découler de l’improvisation (IV), de même que
l’improvisation peut être nécessaire pour effectuer fidèlement
une OE.M. (V). Je montrerai aussi que l’improvisation peut,
en tant que performance sur une OE.M., proposer des versions
d’une OE.M., manifester celle-ci, et, surtout, l’utiliser comme
l’un de ses « ingrédients » (V-VI). Enfin, j’aborderai brièvement
le défi que représentent les improvisations enregistrées (VII).