La simulation du discours adverse dans un discours sans adversaires : le Manuel de la campagne du Conseil de l’Europe contre les violences envers les femmes (2006-2008)
Le discours des institutions internationales estompe les conflictualités et s’énonce comme un discours « sans adversaires » (Juhem, 2001) d’autant plus lorsqu’il s’agit de se faire porteur d’un combat auquel aucun acteur public ne saurait aujourd’hui s’opposer comme celui contre la violence envers les femmes dans la sphère dite privée. Toutefois, la construction du consensus passe parfois, par la mise en scène d’une polyphonie qui mime la conflictualité et qui permet à l’institution de construire son monopole énonciatif en matière éthique, comme le montre l’argumentaire officiel de la Campagne du Conseil de l’Europe contre la violence envers les femmes (2006-2008). La configuration énonciative et rhétorico-argumentative de ce document emblématique permet aussi d’observer les ambiguïtés d’un discours qui, soumis à de nombreuses contraintes, risque parfois de banaliser les causes et les solutions du problème des violences envers les femmes.