À la base du philosopher transcendantal fichtéen, il y a l’idée que la philosophie est le
résultat de l’activité même (libre et spontanée) qu’elle comprend comme condition de
possibilité de l’expérience et du savoir. La compréhension de la Doctrine de la science
requiert et présuppose un exercice de liberté de type imaginatif, opératif, constructif,
gestaltique, qui permet de saisir les opérations que la Doctrine de la science présente
comme constitutives du savoir, comme les opérations constituant la Doctrine de
la science même, qui, de fait, est elle aussi savoir : savoir concernant les modalités
opératives du savoir, image autoconsciente et autoformatrice de l’image.
Les facultés que la Doctrine de la science met en lumière comme conditions de
possibilité du savoir et de l’expérience ne sont donc pas présentées par Fichte de façon
factuelle – comme ce serait, selon Fichte, le cas chez Kant, qui n’aurait pas réfléchi
sur sa démarche philosophique –, mais sont mises en évidence et « déduites » génétiquement
au cours même de leur exercice. Le point de vue de la Doctrine de la science
est donc « esthétique », au sens où l’imagination est comprise comme le lieu d’accès
au discours philosophique à travers le discours philosophique même. L’exercice de
l’imagination productrice constitue donc la condition même de la mise en oeuvre de la
Doctrine de la science.